Violaine Carossino
Gastronomie et plantes sauvages
Violaine cueille la vie et les fleurs à pleines dents. Avec son univers coloré et vivant, elle dépoussière et réinvente la cueillette de plantes sauvages pour nous faire découvrir des saveurs et des textures insoupçonnées. Son projet Cueilleuses nous invite à nous reconnecter à la nature et prendre conscience de la poésie qui nous entoure.
Peux-tu nous raconter ton parcours?
Après des études dans l'art et la mode à Amsterdam, j'ai commencé à travailler pour un e-shop de vêtements vintage. J'y ai appris notamment à manier les réseaux sociaux et la création de contenus. Je photographiais beaucoup de mises en scènes et set design, jusqu’au jour où Jacquemus a reposté un de mes contenus. Ça m’a permis de gagner en notoriété et surtout d’être contactée par des agences de communication/ événementielles qui appréciaient mon univers. A partir de là, j'ai travaillé sur des events pour des marques comme Beauty Blender avant que tout s'arrête avec l'arrivée du Covid. Du coup, j'ai ouvert un e-shop sous le nom de Casa Viola, pour vendre tous les objets de set design que j'avais accumulés et ça a été un franc succès. Au bout d'un moment, j'ai voulu passer à autre chose et revenir à des choses plus simples. Je suis donc naturellement retournée chez ma mère à la campagne, loin des réseaux sociaux et de la consommation. Pendant cette période d’introspection, j’ai découvert par hasard le Woofing. Il s’agit d’un réseau de fermes bio qui permet aux producteurs ou agriculteurs de faire découvrir leur métier en partageant leur vie du quotidien avec le grand public. Mes quelques séjours chez des producteurs ont été une révélation. J’ai pu renouer avec ma passion première : les plantes sauvages et la cuisine avec les plantes. Ma meilleure expérience a été à la Maison du Sureau avec Bertrand et Nati, transformateurs de fleurs de sureau. Tout était intéressant, leur manière de vivre, leurs connaissances, le cocon qu’ils s’étaient crée.
Quand as-tu commencé la cueillette ?
Dès mon enfance, j’ai été initié par ma grand-mère et ma mère qui avaient pris l’habitude de cueillir des plantes, comme du pissenlit, pour en faire des salades. Mais c’est pendant le confinement que la cueillette est véritablement devenue une passion. Avec mon frère pâtissier, nous passions notre temps à expérimenter des recettes. Je me suis alors rendue compte qu'il y avait beaucoup de plantes comestibles dans le jardin de ma mère. D’ailleurs j’ai mes spots de cueillette maintenant : je sais où cueillir dans le village, dans le jardin ou dans les chemins en lisière de forêts. A chaque fois que je retourne dans le Vexin, je prends des sachets avec moi pour ma cueillette. Je sais désormais comment les conserver au frais pour pouvoir les cuisiner chez moi à Paris. J’ai également commencé à faire sécher des fleurs (fleurs de coucou, de framboisier, de mauve ou de calendula) pour en faire des tisanes.
Peux-tu nous parler de ton projet Cueilleuses ?
Cueilleuses propose des ateliers, évènements et expériences autour des fleurs et plantes comestibles sauvages ou de culture. Il ne s’agit donc pas uniquement de plantes sauvages vu que j’adore travailler certaines fleurs de culture, comme l’hémérocalle, le lila ou la capucine. L’idée est surtout de privilégier le goût, les saveurs et la santé. Le but étant de reconnecter les gens à la nature à travers l’alimentation. J’ai envie qu’ils puissent reconnaître et cueillir les plantes pour les cuisiner ensuite chez eux. Nous préparons aussi bien des plats que des boissons ou des pickles. Cueilleuses est un projet que j’ai développé avec mon amie Victoria Mali alias @Jacquie_club, nutritionniste et traiteur de cuisine saine.
Est-ce que tu pourrais nous donner une recette ?
Pour commencer à cuisiner les plantes sauvages, on peut déjà les incorporer dans nos plats quotidiens et s’en servir pour agrémenter notre cuisine classique : cakes, omelettes, quiches… Après il y a des recettes simples à la portée de tous, comme une salade fromage de chèvre, lierre terrestre et huile d’olive. Le lierre terrestre est une herbe aromatique qui a un goût boisé mentholé et le chèvre va venir exhausser cet arôme de sous-bois. Une autre recette simple est une salade de pomme de terre, fêta, olives, lamier pourpre et lierre terrestre. Il existe également des recettes sucrées. L'été dernier, j'ai eu l'occasion de tester des bouchées d'hémérocalles garnies d’une petite salade de fruits, d’un balsamique aux fleurs de sureau et d’une touche de chantilly. On a également fait un riz au lait infusé à la violette odorante quand j’étais dans le Sud. L’odeur enivrante de la violette est capturée par le gras du lait et devient un goût. Pas juste un parfum. Ce sont des recettes simples mais très différentes de ce qu’on a l’habitude de manger en terme de palette gustative et de textures. La fleur se suffit à elle-même et ça donne des choses vraiment incroyable. C’est à chaque fois une découverte.
Tu préfères les plantes ou les fleurs ?
Je dirais que je préfère les fleurs. Je suis comme une abeille qui est intuitivement attirée par leur beauté, leur odeur et leur texture. Certes les plantes sont plus complexes et nutritives, mais il y a quelque chose de très poétique à manger une fleur. La capucine par exemple est sublime avec un goût poivré et sucré comme de la poire. Aucun aliment n’a ce goût. Le jardinier cuisinier Pascal Garbe arrive très bien à faire ressortir cette aspect avec ses burgers de fleurs. Il met de la poésie dans le banal, je trouve ça très beau. Je suis également tombée sur un fleuriste qui faisait des bouquets comestibles. C’est génial d’aller au-delà de la beauté et d’apporter un plaisir gustatif. Un fois séchée ou infusée, elles nous apportent des propriétés médicinales. C’est un bouquet qui offre une expérience de bien-être globale.
Qu’est-ce qui t’a plu chez ILSE ?
Je trouve qu’il est important de revenir à l’essentiel et d’avoir des produits qu’on peut retrouver dans la nature. Chez ILSE, il n’y a rien de superflu, pas d'additifs ou d'actifs à la mode, juste des plantes que je connais, que je cuisine et dont je connais les propriétés. Par ailleurs, j’aime beaucoup le concept du mouvement qui me semble assez juste. Ça change des natures mortes qu’on a l’habitude de voir dans cette industrie. Rappelons que la nature c’est vivant, c’est en mouvement.
CUEILLEUSES