Alice Aldrin-Schrepfer

Au pays de la botanique et de l'élégance

Véritable designer et scénographe végétale, Alice fait partie de ces filles qui ont du goût. Avec sa boutique de fleurs LAND, implantée au cœur du Centquatre, un lieu de création unique à Paris, elle nous ouvre les portes de ce laboratoire botanique qui mêle art et poésie.

Qu’est-ce qui t’as donné envie de travailler dans les fleurs?

Ça faisait déjà longtemps que je réfléchissais à quelle tournure pourrait prendre mon travail d’architecte. J’avais envie de voir autre chose et je me suis longtemps posée la question d’une formation post-diplôme. C’est sur un marché aux fleurs à Moscou que j’ai eu le déclic. Je me suis mise à acheter une quantité effarante de fleurs sur ce marché au point de devoir prendre un taxi pour rentrer chez moi. Et là, j’ai commencé à faire plein de compositions florales dans mon appartement avec ce que j’avais sous la main. C’est à ce moment là, que je me suis dit que c’est ce que je voulais faire. Il y a eu une résonance ! A la base, je viens de la campagne et j’ai grandi dans des jardins au contact de gens qui faisaient beaucoup de jardinage. Tout le monde dans ma famille jardinait énormément. Pour ma mère, jardiner n’était pas du tout cultiver des légumes, c’était créer des ambiances de fleurs, des grands buissons très à l’anglaise. Elle maîtrisait parfaitement l’art du jardin à l’anglaise. Du coup, comme j’ai grandi au milieu des jardins, des plantes et des fleurs, c’est un domaine que je maîtrisais déjà. En 2016, j’ai passé un CAP fleuriste pour ensuite me former dans différentes enseignes (Désirée, June in March, les Herbes Hautes). Et en 2019 juste avant le premier confinement, j’ai crée le projet LAND.

Plutôt fleuriste ou scénographe florale ?

Longtemps j’ai hésité sur l’appellation. Fleuriste c’est simple, tu comprends tout de suite. Je fais des fleurs et j’ai un CAP de fleuriste. Après je suis fleuriste avec un passif d’architecte. Ce qui me plaît le plus, ce n’est pas tant de vendre des fleurs dans la boutique que de designer des espaces avec des végétaux. Le principe et le processus restent le même que lorsque j’étais architecte, c’est juste le matériau qui change. Au lieu d’être pérennes, ce sont des matériaux qui vont avoir tendance à évoluer. 

Peux-tu nous en dire un peu plus sur LAND ?

LAND est un projet qui me permet de présenter mes goûts, mes compétences et surtout une vision de ce qu'est pour moi l’agencement végétal. C’est-à-dire modifier la perception d’un espace grâce à des végétaux. Des contrastes de couleurs, de senteurs et surtout une évolution avec le temps. Il va y avoir des choses qui vont pousser, des choses qui peuvent éclore. Ça serait comme composer des jardins en intérieur. En 2022, j’ai ouvert la boutique au Centquatre, qui est un espace laboratoire dédié aux pratiques autour de la fleur coupée, de la plante et des végétaux plus largement. C’est un lieu de rencontre, de création, de formation et de croisement des chemins du désir. 

Pourquoi avoir appelé ton projet LAND ?

Je l’ai appelé LAND parce qu’en anglais, ça signifie "la terre", "le territoire" et aussi tout simplement parce que je m’appelle Alice. Du coup Alice in Wonderland. C’est mon Wonderland, ma manière de le décrire et de le définir. Il y a un coté très personnel dans le Wonderland.

Tu as des préférences de fleurs avec lesquelles tu veux travailler ?

Non, je veux juste qu’elles soient de saison, locales ou françaises. C’est important parce que ça reste une industrie extrêmement polluante quand on ne fait pas attention à la provenance des végétaux qu’on utilise. C'est fondamental de prendre en compte cet aspect responsable. 

Quelle devrait être la place du végétal dans nos vies ?

Il devrait y avoir du végétal partout, beaucoup, tout le temps et il en faudrait toujours plus. Cela me paraît une évidence mais peut-être qu’il faut le répéter. 

LAND

Le Centquatre Paris
5, rue Curial 75019

Ouvert du mercredi au dimanche 11h-19h